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2017

Ali Cherri : somniculus

Valentin Gleyze
Ali Cherri : somniculus
Ali Cherri : somniculus

Paris : Ed. du Jeu de Paume : Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques ; Bordeaux : capcMusée d’art contemporain, 2017, 64p. ill. en coul. 21 x 15cm, fre/eng

ISBN : 9782877212328. _ 14,00 €

Textes d’Osei Bonsu, Fabien Danesi

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Texte intégral

1Initiée il y a maintenant dix ans par Marta Gili à son arrivée à la tête du Jeu de Paume, la programmation Satellite est chaque année rythmée par la proposition, en quatre épisodes qui font cycle, d’un(e) commissaire associé(e). Osei Bonsu a invité Ali Cherri dans ce contexte, pour le premier chapitre de son initiative intitulée « L’économie du vivant ». L’accrochage brille par sa concision, avec une photographie grand format de l’artiste sommeillant dans la Galerie d’anatomie comparée du Museum national d’histoire naturelle (reproduite en quatrième de couverture) et une vidéo, Somniculus (couleur, son, 14 minutes), qui donne son titre à l’exposition. Le catalogue est tout aussi sobre.

2Dans son court texte introductif, Osei Bonsu revient en quelques saillies descriptives sur le projet et avance une piste privilégiée de lecture (« La mort des choses vivantes », p. 11-12). Dans la vidéo Somniculus, on observe l’artiste déambuler de nuit, lampe à la main, le long de différentes galeries de musées, en montage alterné avec des vues rapprochées d’objets archéologiques et ethnographiques anthropomorphes. A l’image du titre de la pièce, du latin valant pour « sommeil léger », les gestes lents effectués sont à rapprocher de la situation du sujet en expérience de sommeil paradoxal. Cet état modifié de conscience – à la fois métaphore et paradigme – semble être la substance du discours tenu par le commissaire et l’artiste. Le sommeil d’Ali Cherri est en cela comparable à celui des objets visés, car il est affaire de surface. Vivants – au moins poétiquement –, les objets muséaux le sont dans la mesure où leur généalogie (et partant, leur constitution historique en tant qu’objet) serait installée en eux dans une forme discrète d’attente. A rebours d’un sentiment d’inertie, dans cette disposition encouragée par l’artiste, il appartiendrait au regard attentif d’interpeller les objets sur les technologies de discours (coloniales, spécistes) qui les fondent en tant que lieux de connaissance, et qui, par extension, produisent l’institution muséale.

3La contribution de Fabien Danesi, dans son format, fonctionne davantage de manière oblique qu’elle n’explicite de front le propos de l’exposition (« Les artefacts inquiets », p. 17-49). Poursuivant cette forme politique d’ouverture des potentialités de la narration, appelée explicitement par l’artiste dans son texte qui clôt le volume (« Sommeil léger », p. 51-), l’auteur choisit de juxtaposer d’une page sur l’autre fragments écrits et photographies. On peut être sensible aux différents niveaux de citations irriguant le texte, construit à partir d’un tissu serré de références théoriques et d’images empruntées. On remarque, de plus, que l’auteur insère la présente vidéo dans le souvenir non hiérarchisé de précédents travaux de l’artiste, aux ambitions connexes. Il ne nous échappe pas ce que cette modélisation non linéaire doit entre autres aux fragments de Sur le concept d’histoire (1940) de Walter Benjamin, d’ailleurs cités à l’appui (p. 25). Le propos séduit par l’élégance de sa machinerie théorique, et y gagne encore en qualité d’évocation.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Valentin Gleyze, « Ali Cherri : somniculus », Critique d’art [En ligne], Toutes les notes de lecture en ligne, mis en ligne le 09 mai 2018, consulté le 19 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/critiquedart/25539 ; DOI : https://doi.org/10.4000/critiquedart.25539

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