Alechinsky : marginalia : plume et pinceau
Milan : Silvana, 2016, 213p. ill. en noir et en coul. 29 x 25cm, fre/eng
Bibliogr. Biogr.
ISBN : 9788836634163. _ 25,00 €
Textes de Céline Chicha, Patrice Deparpe, Itzhak Goldberg, Yves Peyré
Texte intégral
1Ce catalogue accompagne l’exposition Marginalia, plume et pinceau autour de l’œuvre de Pierre Alechinsky, qui s’est tenue au musée départemental Matisse au Cateau-Cambrésis (5 novembre 2016 – 12 mars 2017). Elle présente notamment un aspect particulier de ses réalisations : la série des Aiguilles (de Port-Coton à Belle-Île-en-Mer) peintes en 1996, paysage qui inspira en leur temps Claude Monet en 1886 et Henri Matisse dix ans plus tard, en 1896. L’exposition évoque aussi le travail des éditions Tériade, qui ont publié un vaste ensemble de livres d’art, et permet de surcroît d’explorer les liens entre Henri Matisse et Pierre Alechinsky, déjà associés lors d’une précédente exposition intitulée Henri Matisse, les dessins au pinceau (octobre 2011-février 2012).
2Le catalogue Marginalia, plume et pinceau s’articule autour des œuvres « monumentales » de Pierre Alechinsky et des tableaux « à remarques marginales », tels que les gravures et lithographies murales, les placards composés avec des amis écrivains (Christian Dotremont, Salah Stétié, Roland Topor), mais aussi des illustrations d’ouvrages d’Yves Bonnefoy, de Michel Butor ou d’André Breton. L’ouvrage explore ainsi les aspects de l’œuvre graphique et picturale de Pierre Alechinsky, en faisant alterner des reproductions d’œuvres et des analyses de commissaires d’exposition et de critiques d’art.
3L’originalité des créations de l’artiste (à l’encre de chine, acrylique, huile…) réside dans l’adoption des marges comme espace de représentation, ainsi que dans la variation et la subtilité de ses choix. Satechnique suggère l’alliance entre la légèreté et la délicatesse du motif, l’humour et la subtilité des contenus, dans un travail sur les bordures qui se manifeste nettement à partir de son œuvre Central Park (1965). Outre les correspondances entre Henri Matisse violoniste et Pierre Alechinsky clarinettiste, la fréquentation de Walasse Ting fut déterminante : il lui enseigna notamment la manière chinoise de peindre, avec la feuille de papier posée au sol, l’encrier à la main et le corps mobilisé. Toutes les cultures et tous les médiums l’inspirent, tels que le livre, la peinture, la gravure, l’écriture, la musique, la photographie. Dans son travail pour l’ouvrage Les Vacillations (1979) de Cioran, il valorise la puissance jaillissante du dessin et de la peinture, inverse le rapport texte-image dans un dialogue entre le centre et les bords, tout en faisant correspondre les motifs colorés et les mots dans l’espace de la page. L’utilisation de l’encre et de la peinture acrylique permet une nouvelle organisation de l’espace, autrement dit une représentation de l’espace existant entre la lettre et le motif. L’encre de Chine fut à ce point révélatrice pour Pierre Alechinsky qu’il lui « en est venu un sens, non pas infaillible comme l’oreille absolue du musicien, mais un sens acéré de la qualité des lettres et des mots imprimés, ou tracés à main levée » (p. 124). Il ajoute que « le dessin [est] de l’écriture dénouée et renouée autrement » (p. 112).
Pour citer cet article
Référence électronique
Olivia-Jeanne Cohen, « Alechinsky : marginalia : plume et pinceau », Critique d’art [En ligne], Toutes les notes de lecture en ligne, mis en ligne le 09 mai 2018, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/critiquedart/25454 ; DOI : https://doi.org/10.4000/critiquedart.25454
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