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2014

Danièle Cohn, L’Artiste, le vrai et le juste : sur l’esthétique des Lumières

Caroline Lebond
L’Artiste, le vrai et le juste : sur l’esthétique des Lumières
Danièle Cohn, L’Artiste, le vrai et le juste : sur l’esthétique des Lumières

Paris : Ed. Rue d’Ulm/Presses de l’Ecole normale supérieure : Musée du quai Branly, 2014, 152p. 20 x 20cm, (Aesthetica)

ISBN : 9782728805112. _ 17,00 €

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Texte intégral

1Les notions de Vérité et de Justesse n’ont de cesse d’être convoquées dans la critique contemporaine. Sous le prisme de l’esthétique des Lumières, l’auteure propose l’analyse de ces termes via la philosophie au travers de penseurs émérites. Emmanuel Kant est invoqué dès les premières lignes et demeure le fil rouge d’une litanie de concepts prédominants de la pensée esthétique. Qu’il n’y ait pas de malentendu, « la vérité n’exclut ni l’erreur ni la faute, ni même le mensonge ». Jean-Jacques Rousseau dissocie alors la vérité humaine et la sincérité de l’œuvre. Si Platon, Emmanuel Kant, Arthur Danto ou d’autres sont analysés, Imre Kertész nous fait entrer dans une autre ère, celle de l’après Auschwitz qui redéfinit l’horreur et en miroir la beauté. Le critique, l’imparfait, l’homme subjectif domine les analyses qu’il propose sur les œuvres, qu’elles soient plastiques, littéraires, théâtrales ou même musicales. Nous apprenons ainsi que « le sentiment n’est pas lié au réel, aux objets. Il dépend de nous uniquement ». La projection de soi fait de toute critique une analyse où le je prédomine, la sincérité de l’observateur paraît de fait compromise. Paul Valéry, Sigmund Freud, Stendhal et Jean-Jacques Rousseau se retrouvent invoqués en quelques phrases et réunis autour de l’idée que « nous sommes fondés à soutenir la justesse de la fiction garantie au titre d’un souvenir reconstruit ». Denis Diderot n’échappe pas à cet appel et permet à Danièle Cohn de définir que « la critique d’art […] assoit peu à peu sa légitimité sur une détermination philosophique du goût comme pouvoir de juger ». L’œuvre est dématérialisée et devient presque inutile à la pensée philosophique. Le constat amorce une réflexion intéressante sur le rapport tangible du critique à l’œuvre d’art, à l’objet physique en lui-même. Il est à regretter qu’elle reste à l’état embryonnaire. « L’artiste », quant à lui, convoqué dès le titre, est inexistant par la suite. La notion du processus créatif qui amènerait à une production « juste et vraie » n’existe pas. La question centrale devient par conséquent la pensée critique à la recherche du Juste, du Vrai, l’artiste n’ayant pas le « droit de Cité ». La construction et l’argumentation solide, logique et critique appellent sans équivoque à la recherche sincère d’éloigner la critique actuelle de son nombrilisme.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Caroline Lebond, «  Danièle Cohn, L’Artiste, le vrai et le juste : sur l’esthétique des Lumières », Critique d’art [En ligne], Toutes les notes de lecture en ligne, mis en ligne le 15 novembre 2015, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/critiquedart/15545 ; DOI : https://doi.org/10.4000/critiquedart.15545

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